26.11.09

Rubrique musique

Orelsanne
L’affaire rebondit et donne matière à de nouveaux débats… et quelques violences.

Elle n’aurait imaginé provoquer pareille colère. Aurélienne Corentin, jeune rappeuse d’Alençon, rebaptisée Orelsanne, auteure d’un premier album ‘Perdue D’Avance’, est depuis plusieurs mois au centre d’un débat rageur sur la haine envers les Hommes. En effet les lyrics de la MC énervée tournent beaucoup autour des garçons et des relations amour/haine qu’ils entretiennent au quotidien. Mais c’est un morceau vieux de deux ans qui a soulevé la polémique, ‘Sale connard’, aux paroles sans équivoque: «Je te déteste, je te hais / t’as pas de cerveau, t’as un radar à chattes / t’es juste bon à te faire casser l’oignon / j’veux t’voir crever sous mon nez / te taillader, te louboutiner / J’accoucherai de ton lascar / je l’élèverai au placard / j’le mettrai au freezer / j’en ferai du Ben & Jerry pour mon nouveau chéri / je lui dirais que son père était un sale connard.»
C’est le PS qui s’émeut le premier en dénonçant «un texte scandaleux qui incite directement à la violence.» Puis Xavier Darcos attaque vivement la rappeuse: «C’est une chanson qui a brutalement choqué tous les hommes qui l’ont entendue. En France, un homme meurt tous les cinq mois sous les coups de sa compagne. Nous exigeons que le clip soit retiré de l’Internet.» Les mouvements féministes plébiscitent la chanson et regrettent «que les hommes soient, comme d’habitude, incapables d’en saisir l’ironie et la nuance.» Un groupe d’Intellectuels Hommes se fonde pour soutenir la rappeuse sous la bannière ‘Orelsanne On Te Kiffe’, pendant que le blog de François Bayrou attaque férocement une nouvelle chanson, ‘St Valentin’ («Ch’uis pas Jacqueline Bisset dans ‘Les Marmottes’ / je vais te retailler la gueule à Martin Lamotte / Cette nuit je te le joue Antichrist / et j’te termine façon John Bobbit»). Député des Pyrénées-Atlantiques, Bayrou fait pression sur le festival de Pau pour qu’Orelsanne soit déprogrammée. Immédiatement les femmes défilent dans les rues et un slogan se détache, ‘Pas énervées, juste atterrées’, twitté par deux femmes sur trois dans les jours qui suivent. A l’entrée d’un des rares concerts non déprogrammés de la rappeuse, une ligue d’Hommes ouvre un lance-flammes sur la file d’attente (67 victimes, dont 22 hommes).
Orelsanne vient à l’instant de donner une conférence de presse très attendue, au cours de laquelle elle a dû présenter ses excuses. «Je regrette les propos que j’ai tenus dans mes chansons. C’était peut-être un peu déplacé, et je m’excuse si ça a pu choquer ou heurter les hommes. Vous le savez bien, de toute façon, on finit toujours par s’excuser les premières.» Les Hommes de France ont l’air satisfait.







Illus: Pictures & Co

23.11.09

A saisir

Poils de cul de la Dame de Fer montés sur collier cuir: 700 livres





Sens d'automne


C'est toujours la même chose: dès que l'automne pointe le bout de son nez, on voit déjà la tristesse mortifère des visages qui commencent à perdre leur bronzage. La population déprime à l'idée de rentrée à l'école et les hommes décrètent la fermeture de la chasse. Mais ne vous trompez point: le douceur que prodigue l'automne est une consolation bien plus grande que le racourcissement des juppes au printemps! Le déclenchement de cette saison possède l'éclat, la lumière, la soudaineté d'un évènement mystique. C'est une révélation, une annonciation. Et par quels effets me demanderez-vous ? Et bien par la consolation suprême du regard des femmes! Nous nous retrouvons réunis dans ce même désir éperdu d'amour et de consolation.


Evidemment nous sommes refroidis à l'idée de devoir nous les geler en mouffles MAIS ATTENTION, la douceur supposée du printemps est factice, instable, sans profondeur, c'est une douceur de shampooineuse. L'avenir qu'il nous promet (ce joli mois de mai) et qui nous émoustille est notarié, contractuel, tout en surface: un vrai dancefloor de piscine sur lequel on nous intime de nous reproduire.

Moi aussi je prends mon pied en allant siroter une Corona en short et lunettes teintées en terrasse de Montmartre au mois de Juin pour me réjouir de l'éclosion de la nature et du fleurissement des décolletés. Mais le règne des filles qui se savent ou se croient jolies à cette saison printanière me fait penser à un défilé de poupées crèmeuses, simplistes, aussi sommaires et abrégées qu'un SMS. Franchement t'as vu, c'est la pire saison pour une une histoire vraie: ( Nan mais t'as vu comment il m'mate çui-là? Il s'prend pour qui avec ses trois poils aux pattes ? Nan mais le mec ! Nan mais je rêve ! Connard va !).

Septembre et octobre reviennent à grands pas, et voilà que ces demoiselles ont oté leur prothèses anti-uv, leurs ficelles de Justin Bridou pour regarder à nouveau, sourire, toucher, parler. Elles s'immobilisent enfin pour observer, désirer. Quelque chose se fissure depuis leur retour de Calvi On the Rocks pour que désormais s'écoule, alcoolisée, la tentation d'un avenir imprévu: VIVRE! Elles libèrent enfin la lumière d'une pulsion essentielle: se faire aimer, se laisser comtempler, faire renaître leur essence et leur vraie nature en laissant de côté les détails corporels devenus indistincts.

L'automne permet cela: nous retrouver enfin nous-même, comme nous sommes, et de nous laisser aller, enfin, à des relations un peu plus substancielles ! Vive l'automne !

18.11.09

Des bombes sous Paris


Chaque été, nos sens assistent à un étrange ballet. Des femmes à l'allure fascinante remontent les rues, leurs talons aiguilles martelant sur le bitume le rythme obsédant du désir. Ces petites catins, aux seins rebondis, aux fesses bien montées sur des jambes fuselées et satinées se baladent comme si ne rien n'était, avec un petit sourire de salope au coin des lèvres. Très bien, d'accord. Mais pourquoi cette montée foudroyante, inexplicable, se désintègre à partir du moment où l'automne pointe le bout de son nez? 

 Face au mystère, une série d'enquêtes menée par les plus fins limiers de la science ont abouties aux mêmes conclusions. Toutes les personnes interrogées sont unanimes, qu'il s'agisse de météorologues, d'éboueurs ou de sédentaires: Une fois la bise venue, les meilleurs spécimens féminins de la région fuient la fourmilière citadine pour trouver refuge dans les égouts de Paris. A l'image d'une petite culotte de collégienne, les vieux tabous s'effondrent, devant les fondements d'une théorie aussi bouleversante.

 Le phénomène se produit durant l'été, lorsque le film hydrolipidique des femelles se fragilise. Leur peau veloutée se désagrège et devient pareille à une écorce de citrouille puante à cause du stress, suite aux nombreuses sollicitations de mauvais goût dont elles sont victimes. Pour preuve, des chercheurs ont découvert au milieu des marécages nauséabonds et des canalisations qui entourent nos égouts un lieu unique: le Hammam's Club. Cet îlot paradisiaque, agrémenté de parasols et de bungalows propose aux meilleurs crus de la région un séjour dans une cabine larvaire, formée à base de résidus excrémentiels aux vertus rajeunissantes, qui permet à nos jeunes catins de se ressourcer en toute sérénité avant d'affronter les saisons chaudes.

 A l'origine du projet se cache un être exceptionnel, régnant tel un monarque sur ce royaume enfoui sous les vapeurs du caniveau. Le Professeur Hans, globe trotter d'origine viennoise, fut successivement champion de ski, tenancier de night club à Lyon puis chirurgien-plasticien à Miami. C'est précisément en Floride, au contact de grosses biatches siliconées flottant dans leurs piscines, que ce rabelaisien high-tech a eut l'idée d'aménager un centre thalassothérapeutique sous Paris. Joint dimanche au téléphone, Hans n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet.

Mehdi Masud

Illustration : Lia Rochas-Pàris

17.11.09

Les célèbres objets trouvés #3

Recherche dent. Ecrire à C.Ringer

15.11.09

Paris-Paris/ 2007/ Chacureuil Story


















Ma petite vie d’assistante de production dans l’audiovisuel, j’ai compris à 27 ans que ce n’était pas moi. Mais une fois payé le luxe de tout envoyer valser, Contrat Nouvelle Embauche et 9 heures-18 heures, il a bien fallu faire des sous en attendant de voir dans quelle(s) direction(s) orienter ma nouvelle vie professionnelle. « Que doit-on faire pour bosser chez vous ? », osai-je un soir au bar du 5 avenue de l’Opéra. Quelques jours plus tard, je découvrais de l’intérieur les rouages de mon club préféré.
Oui, je bossais dans des chiottes. Mais quelles chiottes.
Embrassées par des bits technoïdes hallucinés, de la House la plus animale à la minimale confidentielle et trippante (merci Marco).
Les urinoirs tremblaient sous les basses du plus lourd des hip hop West Coast. Les miroirs réfléchissaient à l’infini les riffs de guitares infernales.
On exhumait régulièrement, à partir de six heures du matin surtout, des rengaines de Brel, des tubes dance des nineties qu'on n'avait pas honte de porter aux nues, ou de providentielles mélodies italo disco inconnues des fans de Franck Dubosc.
Les planches de la mini-scène accueillaient des concerts mémorables tout comme du conceptuel couillu et finalement gagnant: de la I-pod Battle hystérique à la ô combien géniale, démocratique, irremplaçable, mythique pour tous les amoureux de toutes les danses, Colette Dance Class.
Derrière mon petit bar en hauteur je me délectais et me dégoûtais selon l’humeur d’une foule pseudo–hype ou pseudo-nerd, ados à barbes, trentenaires à casquettes, poules pathétiques, homos magnifiques, journalistes de mode fauchés mais en Comme des Garçons tout de même, étudiants auto-proclamés géniaux persuadés d’avoir découvert American Apparel avant tout le monde, mannequins dont l’absence de corps insultait la beauté du visage, et qui manquaient de vomir devant mon business de friandises mais pas devant une vodka-fruits rouges.
D’un point de vue strictement humain, j’ai expérimenté la plus profonde gentillesse et la plus inepte des condescendances. Pascal Nègre m’a snobée, Damon Albarn m’a lâché 50 euros. Un comédien français de seconde zone m’a embrassée de force, Michel Gondry m’a écrit un petit mot sur le décolleté. J’ai eu pour la première fois envie de vraiment frapper une fille, et je me suis fait des amis qui le sont restés.
Tandis que j’étoffais ma culture musicale et poursuivais à la dure mon étude sociologique des gens-qui-ne-dorment-pas, tintaient dans ma coupelle à pourboires des euros, des pesos, des livres sterling et d’autres monnaies que je n’ai toujours pas identifiées. On m’a payée en liasses de dollars, en tickets-restaurant, en bières, en flacons de vernis à ongles, en sushis, en fleurs, en bisous, en blagues, en cartes de visites parfois utiles.
Le microcosme Parisien-Parisien s'agitait là, sous mon nez, squattant au maximum cet espace où il pouvait s'entendre parler. J'étais bien installée, j'avais l'opportunité de mettre à profit cet observatoire. J'aime les chats. A Londres j'avais trippé dans Hyde Park avec les écureuils. Le chacureuil était né.
A peine avait-il remonté sa braguette et lavé (ou pas, pour un tiers des cas) ses mains que j'alpaguais le clubbeur d'un:
-Eh mec, dessine-moi un chacureuil!
-Gnhein? Un quoi?
Le sourire en deux secondes remplaçait la perplexité, et la petite œuvre naissait. Je pense que mes premiers chacureils rentraient à deux dans les toilettes dès que j'avais le dos tourné, car ils se sont multipliés plus vite que des lapins.
En trois mois j'ai pu patafixer une centaine de specimen croqués sur le coin de mon comptoir. Chacun de ces autographes artistiques est unique et symbolise un instant dans la vie du PP. Chacun des auteurs a mis sur le papier son imaginaire, son talent ou à défaut son humour, sa poésie, son enfance ou son angoisse, son degré d'alcoolémie ou de toute autre défonce, son narcissisme ou sa générosité.
J'ai le privilège d'être en possession de chaque original de ce bestiaire, et j'en ai le cœur plein de Merci. Car je sais qu'à la nuit tombée ils mettent une foire digne de ce nom dans le cahier qui les accueille, une foire digne de l'âge d'or de ce club. Le PP de l’ époque, c'était pas que pour les blasés du Baron et les refoulés du Baron.
C'était vraiment bien.

Camille Salmon
camillesalmon2008@gmail.com

Fiches anthropogéomorphiques d’ici et d’ailleurs

3) Porno traditionnel

La production de films pornographiques traditionnels atteint un pic au début des années soixante-dix en Autriche, où chaque région adopte sa spécialité. Ici, dans le canton de Gunderbach, une fellation à la saucisse de groin extrait du film : « Les autrichiennes aiment le saucisson vol.6 ».





4) Première radio

Le premier poste de radio capable de capter les ondes hertziennes était encombrant et gourmant en énergie. Il fallait un niveau de connaissance très élevé pour pouvoir l’utiliser. Ici, le professeur Josiane Labonsky écoute Les Grosses Têtes, l’une des toutes premières émissions à émettre sur ondes longues fréquences, animée par le jeune Philippe Bouvard aujourd’hui bicentenaire.

9.11.09

Les célèbres objets trouvés #2

Vends stylo Mont Blanc, une bonne affaire. Ecrire à Nicolas S.

8.11.09

Fiches anthropogéomorphiques d’ici et d’ailleurs

1) Petit métier de l’informatique

Le premier ordinateur fut assemblé en Russie, en 1927. Il s’agissait d’un appareil aussi haut qu’un immeuble de cinq étages pesant six cents milles tonnes. Ici, un connecteur au travail soudant un des nombreux tuyaux qui amenaient les kilobits d’une zone à une autre.



2) Spécialités de la campagne

Jusqu’au remembrement, début des années soixante, les joints étaient cultivés dans nos campagnes. Ils poussaient dans le fumier et avait un goût de merde, ce qui plus tard fut traduit par « shit ». Ici, un paysan durant sa récolte exceptionnelle de gros joints bien dodus.

5.11.09

Rubrique Drogue

La recette stone


aujourd’hui:

Les pâtes

Ingrédients: un oinje au réveil, des chaussures, un Franprix, eau, sel.

Enfilez les chaussures et rendez-vous au Franprix. Le oinje commence à faire son effet. Errez entre les rayons comme un zombie. Passez des heures à comparer les produits, confondez grammes et euros. Bloquez devant les jus et les yaourts. A la caisse, ayant dépassé ce que vous avez (pas moyen de tenir une addition correcte), hésitez mille ans avant d’enlever un truc. A la maison, réalisez que vous avez gardé le pack de douze Nuts mais que vous avez oublié les pâtes. Retournez. Matez la télé en attendant que l’eau bout. Oubliez. La casserole brûle. Commandez une pizza.

Rubrique mode

Le cinéma nous rend plus beau

Habillons-nous comme les héros de nos films préférés,
à nous la classe assurée



1. Carrie au bar du diable


2. L'incroyab Hulk



3. Reubeu fiction


Photos: Marco Dos Santos / Stylisme: Morgane Hamel / Models: Madeleine, Pierre, Florinda

2.11.09

Les célèbres objets trouvés #1

Vends ampoule 60W, quasiment jamais servie. Ecrire à C.François

1.11.09

Rubrique Santé

Un mal aimable

Yves de Pompadour, boucher à Garges, souffre d’une étrange maladie. Il est a priori la seule et unique victime en France du syndrome de Gilles de la Murette, nom donné à la maladie par un médecin facétieux, en clin d’œil à Gilles de la Tourette.

Malgré un nom à rallonge et à consonance, on est boucher de père en fils chez les de Pompadour. Et on est énervés aussi. Pour s’en convaincre, écoutons le père, Maurice de Pompadour: «Bha putain, moué, j’me bouffe pas les couilles. Chez nous ça trime, on n’est pas là pour compter les mouches à merde.» Son épouse, Francinette de Pompadour: «Y en a qui croivent que la viande c’est la bonne planque. Hé ben qu’ils viennent y chercher les quintaux le matin à cinq heures, ces peigne-culs de bons à rien de pognes à kiki.» Ils ont élevé à la dure leurs deux enfant, Yves et Montand. Celui-ci raconte la naissance de la maladie: «Un matin avec mon frère, on était à Rungis, et le vlà qui dit ‘Merci bien, vous êtes fort aimable’ à un gars, comme si qu'avec des fleurs dans la bulle. J'étais scié de la pine.» Deux jours après, Yves complimente le chapeau d’un monsieur. Le lendemain, il lâche un «Bisou-bisou» à une cliente… «Et un matin, bah le drame, reprend Montand. On est dans le camion, j’y dis pour la déconne ‘Ferme ton clape-merde, ça sent la pute’, et il me répond ‘Votre humour est un enchantement’, alors j’y fais ‘Bah, pourquoi qu’tu m’causes comme un pédé?’, il m’fait ‘Vous avez de belles dents’, j’ai failli avoir l’accident.» Le médecin Laugier prend Yves dans son service et diagnostique l’étrange trouble, dégénérescence du syndrome de Gilles de la Tourette: le malade ne se contrôle pas et assène des gentillesses. Interview du premier souffrant français.
-Yves de Pompadour, vous considérez-vous comme malade?
-J’adore votre pantalon. L’aute fois, l’enculé de boulanger il tente de m’arnaquer, et je me retrouve à l’appeler gentilhomme au lieu de c’qu’il mérite. J’adore votre voix, c’est la plus belle voix que j’aie jamais entendue. Alors si c’est pas une maladie…
-Ça vous gêne dans l’exercice de votre travail?
-Bisou-bisou. Oui, ça me gêne beaucoup. Je suis supporteur de foot aussi, alors… Vous avez ramené le soleil avec vous dites donc. Je peux même plus gueuler contre ceux d’en face. Parlez encore, j’adore vos cils.»


Johanna Thomé De Souza